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> A la recherche de la Gerboise bleue

Errance n°6 (novembre 2009)


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Le 3 novembre 2009, je me mis à la recherche de la Gerboise bleue.


Je n'avais comme tout indice que ce seul nom de lieu : Reggane. Les faits remontaient à une cinquantaine d'années : allais-je trouver quelque chose ?

Une première recherche me conduisit dans le désert : Reggane, Wilaya d'Adrar, Algérie, était une oasis perdue dans le Sahara.

  
Quelques maisons regroupées autour d'une place centrale, quelques plantations vers le sud. Mais nulle trace de ce que j'étais venu chercher. Je décidai alors d'élargir le périmètre de mes recherches et d'explorer les environs de l'oasis.
Finalement, en suivant une route qui partait vers l'est, je tombai sur ceci, qui ressemblait à une base militaire abandonnée :

 

Cela correspondait tout à fait aux photos d'époque que j'avais à ma disposition.



J'étais donc arrivé à Reggane-Plateau, cette véritable ville avec son aéroport et ses installations souterraines,  construite en plein coeur du désert.

Il y avait des hélicoptères qui semblaient abandonnés sur les pistes, ainsi que des restes d'avion.

 

La première étape de ma recherche était couronnée de succès. Il me restait à retrouver les traces de la Gerboise bleue. Je me mis donc à explorer les environs de la base.

En de nombreux endroits, la terre semblait avoir été retournée. On distinguait des restes de terrassements, de fortifications ou de casemates souterraines.

Enfin, à plusieurs endroits de la base, ce qui ressemblait à des périmètres de tir.

 

A ce stade de ma recherche, je me rendis compte que quelque chose n'allait pas. Il n'était pas possible en effet que l'expérience Gerboise bleue fut menée à seulement quelques kilomètres de la base-vie. Je faisais manifestement fausse route. Mais où chercher alors ? J'avais heureusement à ma disposition une illustration d'époque, retrouvée dans un vieux numéro de Science & Vie.



Ce que j'étais venu chercher à Reggane, ce fameux "point zéro", était en fait à 60 km d'ici. Je me préparai donc à  une longue traversée du désert. Mais dans quelle direction partir ? Le dessin n'était pas très précis, mais semblait indiquer une direction sud/sud-ouest. En cherchant dans cette direction, je finis par retrouver l'escarpement indiqué sur le schéma, ainsi que les restes de ce qui était indiqué comme "camp des travailleurs". Et le départ d'une piste dans la direction sud-ouest...

 

Au passage, je remarquai les entrées de ce qui devait être les laboratoires souterrains du CEA.



De part et d'autre de la piste, d'importantes traces de terrassement. La terre semble vraiment avoir été retournée en tous sens.



Mais petit à petit, la piste s'estompe et semble disparaître dans les sables. Le passage est de moins en moins visible, et toujours ces mornes étendues sableuses à perte de vue. Je pense que je fais fausse route, le découragement me guette.

Soudain, un grand virage vers la droite... et puis plus rien. Fin de la piste ? Je suis sur le bord d'une vaste étendue plane, bordée au nord par un chapelet de dunes.

 

Mais à y regarder de plus près, ceci ressemble à une piste d'envol.

De vieux fûts inquiétants émergent de tranchées éventrées.



J'y suis !



Le sable a été vitrifié sur plusieurs kilomètres carrés. L'aspect général n'a pas beaucoup changé depuis 50 ans.

 

Le 13 février 1960, la France réalisait sa première détonation d'une bombe atomique dans le désert du Sahara, à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Reggane, où se situait le CSEM (Centre Saharien d'Expérimentations Militaires).




Tracé de l'itinéraire suivi depuis Reggane :


Vue aérienne Google Maps


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